Des ailes fuselées dans le bleu du ciel – Le Martinet noir

Le martinet noir, cette petite bombe, tête courte, ailes fuselées, queue fourchue est entièrement brun foncé, avec juste une petite tache pâle à la gorge. Il évolue dans les airs comme personne. Gauche et maladroit à terre, le martinet est fait pour voler! 200 km/heure est une vitesse qu’il peut aisément atteindre. Chaque été, ce petit bolide nous entoure de ses cris et de ses vols plongeants le long des toits parisiens. Symbole de l’été,  il n’a pas fini de nous étonner.

Un air de printemps

Dans le courant du mois de mai, les courants aériens chauds venus d’Afrique le portent jusqu’en France. Il vient de la République Démocratique du Congo,  du sud de la Tanzanie, du Zimbabwe ou du Mozambique. Il a passé l’hiver à  l’abri des intempéries dans toute l’Afrique Centrale, mais aussi en Afrique du sud. De taille moyenne, cet oiseau fuselé arrive entre la mi-avril et la mi-mai. Il retrouve son ou sa partenaire quitté l’année d’avant. Il niche dans des cavités sous les toits d’immeubles, de monuments, d’églises. 

Pour confectionner son nid, il cueille dans les airs des particules constitués de plumes, de brins d’herbe, parfois de bouts de plastique agglomérés à de la salive, il bâtit ou rebâtit le lieu de nidification. La femelle pond 1 à 3 oeufs, parfois 4. Elle a 3, 4 ans lorsqu’elle pond pour la première fois. 

Un oiseau extrême

Qu’il soit diurne ou nocturne, il a la particularité de manger, boire, dormir et se reproduire en plein vol. 

Ses pattes atrophiées ne lui permettent pas de rester au sol, il préfère les airs. 

Il accomplit jusqu’à 12 400 km pour aller en Afrique du Sud.

L’élevage des jeunes

La nourriture est constituée principalement de diptères (mouches, moucherons, moustiques), de coléoptères, qui sont les plus nourrissants, d’abeilles et d’éphémères chassés en plein vol. Une ” balle” constituée des insectes chassés se loge au fond du gosier et doit faire 1 à 2 gramme avant d’être rapportée au nid. La chasse  représente une de ses occupations favorites et vitales. Néanmoins en cas de pénurie, le martinet peut ralentir son métabolisme à l’état d’adulte ou lorsqu’il est oisillon. Les deux parents assurent l’élevage des jeunes. L’éclosion a lieu habituellement en juin. L’incubation dure de 19 à 24 jours, elle revient à la femelle et l’élevage de 39 à 45 jours. 

Cependant, on peut assister à un fort taux de mortalité si la nourriture manque. Si le mauvais temps s’inscrit dans la durée. 

Vers le début du mois de juillet, les petits font le grand plongeon.  Ils ont la particularité de ne pas avoir besoin de leurs parents pour se nourrir, parents qui ont déjà migré pour l’Afrique. L’élevage réside à l’intérieur du nid, par la suite les jeunes martinets sont autonomes.

Jusqu’à la mi-août, et ceci dès la sortie du nid, les jeunes martinets entament leur long voyage seuls et ne quittent pas les airs durant deux ou trois ans. Leur vie devient alors plus terrestre, le temps de la reproduction, soit deux mois dans l’année.

Une population stable 

Ainsi, nous  les voyons évoluer dans le ciel depuis toujours. Malgré le fait qu’ils doivent sans doute changer de région pour subsister à leur besoin alimentaire, ils sont en effectif stable. On dénombre près de 3000 couples dans le ciel parisien. 

D’autre part, Si les anfractuosités (creux, cavités) nichés sous les toits ou dans les églises se font rares, le martinet ne peut pas nidifier. Ces emplacements lui étant ainsi indispensables.

De plus,, on constate, , un taux de mortalité très élevé chez les martinets lors d’année où le mauvais temps s’installe durement et où les insectes se font rares. Il est nécessaire de pouvoir maintenir une grande quantité d’insectes pour que les oiseaux insectivores puissent vivre et nourrir leurs petits. Près de 40 % des insectes à Paris ont disparu Ce qui laisse supposer qu’ils changent de régions pour trouver leur nourriture.

Pour pallier le manque de nids potentiels, il est préconisé d’installer des nichoirs sous les toits. Le martinet étant sociable, il niche en colonie, prévoyez en donc plusieurs.

Le martinet : Comment le protéger?

La revue la Hulotte a publié une brochure “ Aidons les Martinets et les hirondelles” spécifiquement sur la protection et la préservation de cette espèce, les trucs et astuces pour favoriser sa nidification.http://www.fcpn.org 

Par ailleurs, la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) pourra éventuellement vous procurer des nichoirs collectifs, un nichoir comprenant 3 chambres de nidification. Il est important de les poser à plus de 7 mètres du sol. Sachez aussi qu’il vous faudra attendre quelques années pour voir plusieurs couples occuper votre nichoir. boutique@lpo.fr

Article rédigé par Marie Leydier (bénévole AHTARAME)