Des centaines d’espèces, au dessus du macadam!

Dans le plus petit carré d’herbe règne en maître le plus commun des oiseaux, le merle noir ; discret et altier, tout le monde a déjà entendu son chant mélodieux et fluide. 

Mais peut-on soupçonner la présence de quelques centaines d’espèces d’oiseaux dans la capitale ? Utiles à la reforestation et la pollinisation des plantes, ils participent aussi à la destruction d’insectes nuisibles à la culture, à la prospérité des plantations. Les rapaces contribuent également à la régulation des populations de pigeons à Paris. Sans compter, les rats, qui prolifèrent et constituent de véritables éboueurs dans les égouts de Paris. Nous avons besoin d’eux ! Au-delà du plaisir d’admirer nos oiseaux dans nos parcs, nos jardins, sur nos trottoirs. 

OISEAUX COMMUNS

Si vous levez les yeux, prêter l’oreille, vous pourrez observer de nombreuses espèces d’oiseaux aisément. Le merle noir mais aussi le rouge gorge, le troglodyte, la mésange bleue, la mésange charbonnière Ceux sont tous des oiseaux visibles en pleine ville. Le chardonneret élégant, l’étourneau sansonnet, la perruche à collier, la grive musicienne, la fauvette à tête noire, le coucou, la corneille noire, la pie bavarde, le choucas des tours…Tous ces oiseaux vivent  dans les bois et parcs cités en fin d’article. La corneille noire détruit la niche écologique de plusieurs espèces à l’instar du pigeon qu’elle attaque dans le nid, et des autres passereaux (ensemble d’oiseaux généralement de petite taille). Sa capacité d’adaptation et son régime alimentaire favorise son expansion.

UN MINUSCULE GÉANT 

Un exemple de petit oiseau peu farouche, le troglodyte mignon, plus petit oiseau de la région parisienne. D’une toute petite taille, vous le croiserez le long des sous-bois et le reconnaîtrez à son formidable chant. Lorsqu’il défend son territoire, il pousse un chant puissant, peu relatif à son envergure… De couleur brunâtre, on peut le confondre avec une souris, restant à ras de terre le plus souvent. Exclusivement insectivore, son biotope (milieu qui héberge un ensemble de formes de vie c’est à dire la flore, la faune,les champignons et les micro-organismes) serait plutôt boisé.

UNE INTRUSE

Une autre espèce, devenue des plus communes en Ile de France, est la perruche à collier. Echappées depuis deux décennies de containers à l’aéroport d’Orly, elles se sont acclimatées et reproduites de façon spectaculaire. Du nord au Sud de Paris elles volent bruyamment d’arbres en arbres en occupant les trous des troncs d’arbres pour nidifier. Elles sont désormais environ 8 000 en Ile de France. Invasives, elles mettent en péril la biodiversité locale. En effet, les perruches occupent les nids des autres oiseaux et le plus souvent les en délogent. Adaptables et très gourmandes, elles supplantent les espèces plus vulnérables comme les fringilles et les autres passereaux, ne leur laissant pas de quoi se nourrir.

Certains oiseaux, moins communs se font plus rares

Certains oiseaux rencontrent un déclin important de leur population. D’une manière générale, les oiseaux se font de plus en plus rares en ville. La pollution, le manque de végétation en sont les raisons principales. Les lieux de nourriture ont disparu, offrant des endroits débarrassés d’insectes et des graminées de friches. Les oiseaux n’y trouvant pas leur pitance, se raréfient et s’éloignent là où la nourriture abonde davantage. D’autre part, les haies présentent un lieu idéal pour nidifier et restent rares en ville.  Les fringilles qui représentent  une des sous espèces de passereaux connaît une diminution de 73% de serins cinis. Le verdier d’Europe de 60 %, du probablement à un virus, celui de la Trichomonose qui décime aussi la population en Grande Bretagne. Le moineau domestique a pratiquement disparu de nos villes (- 73 %) Le recensement des spécimens, la pose de nichoirs, la réintroduction de friches, sont l’objet de l’enquête Moineau-CORIF LPO commencé en septembre 2017. 

Pendant que les rapaces planent au dessus de la ville : LES SEIGNEURS DES AIRS

Ainsi, les rapaces tels que les faucons pélerins, les faucons crécerelles, les éperviers ont trouvé un garde-manger permanent auprès des pigeons et des merles de Paris. Ils ont l’habitude de faire leur nid à plus de 100 mètres d’altitude, les tours d’immeubles situées dans le XIIIème arrondissement sont un exemple. La Tour Eiffel reste un formidable nichoir, à l’abri des prédateurs. En 2018, depuis les hauteurs de la cheminée de la chaufferie de Beaugrenelle dans le XVème arrondissement, quatre petits ont pu aisément arriver jusqu’à l’envol, tant la nourriture abondait. Les faucons pélerins sont apparus à Paris en 2011 et ont commencé à nicher avec succès en 2013. 

Un cri dans la nuit : LES NOCTURNES. 

Ces rapaces tels que les chouettes et le hiboux vivent exclusivement la nuit. La chouette effraie se rapproche des maisons et des granges. La chouette hulotte a besoin d’arbres pour nicher. Elles se nourrissent de rongeurs principalement. Parmi les rapaces nocturnes, on peut ainsi entendre la chouette Hulotte hululer la nuit en période de reproduction. Le jardin des Tuileries, le jardin du Luxembourg, le bois de Boulogne, le bois de Vincennes comptent quelques spécimens. La chouette chevêche est une petite chouette beaucoup plus diurne que ses congénères.  Elle affectionne les haies et les vergers, la chouette effraie niche dans les granges, pour satisfaire sa nichée elle a besoin d’une quantité impressionnante de mulots, campagnols et souris.

 

VENUS D’AFRIQUE De tous les oiseaux migrateurs, l’hirondelle de cheminée, l’hirondelle de fenêtre ainsi que le martinet noir arrivent au printemps,  chaque année, entre le 15 mars et le début mai. Ils viennent d’Afrique Centrale et du Sud. De moins en moins nombreux, ils n’occupent plus abondamment le ciel parisien, la disparition sauvage et vertigineuse des insectes en étant la principale raison. Catastrophique résultat des utilisations abusives des insecticides et pesticides. L’accroissement de l’utilisation des pesticides et insecticides signe “l’arrêt de mort” de ces oiseaux exclusivement insectivores. 

UN BIOTOPE AQUATIQUE Dans le milieu subaquatique, vous apercevrez aisément le héron cendré, la bernache du canada, le canard colvert, la poule d’eau, la foulque macroule sur un plan d’eau, à l’intérieur de la ville. Dans le Parc Georges Valbon (93), vous pourrez découvrir au printemps le blongios nain, petit héron rare et discret en région parisienne. Une héronnière de plusieurs individus y est une des attractions et sujet d’observation pour les ornithologues et autres visiteurs. Le martin pêcheur compte aussi parmi les hôtes de ce parc le jour, le hibou moyen-duc la nuit. Oiseaux plutôt rares à Paris. En vous armant de patience, munie d’une paire de jumelles de préférence  et  familiarisé avec les chants pour les passereaux au préalable, vous bénéficierez d’un formidable terrain d’observations. 

UN TRISTE CONSTAT S’agirait- il d’un manque de nourriture, de lieux de reproduction inexistants ? Les hirondelles et les martinets ne trouvent plus d’endroits pour nicher. C’est la même chose pour le moineau. L’apparition du Covid 19 en mars 2020 a involontairement permis à certaines espèces comme les canards colvert d’occuper des territoires majoritairement urbains. Les moineaux ont également regagné l’espace jadis abandonné. Mettons l’accent sur le fait que tous ces animaux oppressés en temps normal et restreints dans leur territoire répondent positivement  lorsque nous leur laissons l’opportunité d’exister. En dehors de la pandémie, soulignons aussi l’absence de friches favorisant aussi la présence des petits passereaux notamment pour la recherche de nourriture. Fallait-il attendre la pandémie pour voir réapparaître les animaux dans les villes? Fallait il attendre si longtemps pour prendre conscience de leur disparition? Une pandémie et c’est toute une série de questionnement sur le devenir de notre biodiversité, de notre devenir, il était temps!

 

POUR UNE MEILLEURE PRÉSERVATION

La sensibilisation du public aux oiseaux permet d’aménager l’espace et l’habitat en fonction de leurs besoins; entre autre, un lieu pour se nourrir, un autre pour se reproduire. Différentes essences ont été plantées pour faciliter un accès à la nourriture. Il s’agit aussi d’informer les générations futures pour que l’oiseau puisse être respecté et reconnu, par le biais de campagne d’éducation à l’environnement. La LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) organise tout au long de l’année des ateliers sur le terrain, la réalisation d’opérations comme la pose de nichoirs, la mise en place de mangeoires, le comptage des espèces, le baguage des animaux,  leurs observations. Par ailleurs, un programme de préservation de la chouette chevêche a vu le jour en 2015.  De plus, certaines associations dont la LPO ont signé une Charte régionale pour la biodiversité et les milieux naturels.

POUR QUE L’OISEAU RESTE LIBRE

Sans même nous en apercevoir nous côtoyons les oiseaux, chaque jour nous les entendons. Un chant de merle ou de grive musicienne pour se connecter avec la nature ? Avec nos vies emplis de stress et de pression, rien ne vaut une mélodie qui vous emporte et vous égare au détour d’un chemin, à l’orée d’un bois. Ainsi certains agissent, en développant les espaces verts. Vivre en bonne intelligence avec les oiseaux, les comprendre, les aimer, les admirer semble être devenue une urgence et une nécessité. Laissons leur du territoire, de la nourriture, un lieu où nicher. Respectons-les et préférons-les à la pollution sonore et de l’air, que nous croyons devoir subir inexorablement. Laissons-les ainsi évoluer en liberté, pour notre plus grand plaisir et pour le maintien de cette belle biodiversité aussi longtemps que cela puisse se faire.

 

Où retrouver ces espèces en région Parisienne ?

  • Tous les parcs de Paris comptent la majorité des oiseaux cités. 
  • Le bois de Boulogne ainsi que le bois de Vincennes offrent des variétés rurales et citadines.
  • Un refuge LPO est situé en plein bois de Boulogne, permettant aux visiteurs de se familiariser avec les espèces forestières, de les respecter & de les protéger. 
  • Près de Paris, le Parc Georges Valbon (400 ha) se trouve en Seine-Saint-Denis et est un trésor pour les ornithologistes. 3ème plus grand parc d’Ile de France, vous pouvez y observer une colonie de hérons, les blongios nain, ainsi que tous les oiseaux aquatiques. Autre particularité, la présence d’orchidées sauvages dans une des parties du parc.   
  • La Forêt de Fontainebleau, à quelques stations de RER présente une faune plus forestière.

 

Si vous souhaitez explorer les recoins de nature où les oiseaux évoluent, jumelles autour du cou, adressez vous à la LPO (https://www.lpo.fr). Des ornithologues vous apprendront à distinguer les espèces et à les observer dans leur milieu, dans le cadre de randonnées et de refuges.

Il est également recommandé de vous procurer un enregistrement sur les chants d’oiseaux : par exemple www.naturophonia.com qui comporte tous les cris et chants de la nature en Ile de France.

Tendez l’oreille profitez d’une belle balade avec le chant des différentes espèces d’oiseaux : https://www.youtube.com/watch?v=7J1rgm-qZbE

Article rédigé par Marie Leydier (bénévole AHTARAME)