Les rues des quartiers résidentiels, les zones marchandes mais aussi les côtes balnéaires et régions touristiques semblent des zones de déchets à ciel ouvert. La Tunisie connaît une forte chute de l’entretien de son environnement urbain et rural et cette dégradation continue sans diminution apparente. L’association AHTARAME s’est rendue en région de Tunis, en Juillet dernier et fait un constat alarmant concernant la qualité de l’environnement au sein de cette région et du reste du pays. Il reste bien évidemment personnel et se base sur une période donnée et des lieux spécifiques mais se veut dresser un portrait d’une Tunisie qui semble aveugle face à des défis actuels et futurs.
Un contexte politique où l’environnement n’est pas de mise
La Tunisie traverse une crise économique et politique importante et sa situation s’aggrave, notamment après la Révolution de 2011 et plus particulièrement avec les deux attentats récents de Bardo et Sousse. Et c’est surtout l’environnement qui en souffre. En effet, le gouvernement élu récemment essaye de mettre en place certaines mesures politiques d’urgence où l’environnement n’est pas au premier plan : développement de l’économie, création de postes, lutte contre le chômage, développement de l’infrastructure, reconstruction du pays. On mise surtout sur le développement du secteur touristique, source d’emplois et de revenus majeure pour le pays. Malheureusement, la direction actuelle est suivie au détriment de l’environnement naturel. Il n’y a pour le moment aucun support politique ni des ressources économiques adéquates mobilisées pour soutenir la protection du patrimoine environnemental et de la santé humaine. La situation de la population est déplorable et les élus souffrent d’un manque de crédibilité, face à l’ampleur de la situation qui semble dépasser leurs compétences. Tout cela rend la politique de sauvegarde de l’environnement quasi inexistante.
Un désintérêt croissant de la population
Le service de propreté de la voirie de la Capitale a connu ses dernières années de nombreuses grèves afin de bénéficier d’une augmentation de salaire et de meilleures conditions de travail. Ceci a entraîné une grande dégradation de la propreté des rues de la capitale et de ses environs, comparable à la situation de la ville de Naples, où la mafia sud-italienne avait immobilisé la collecte des ordures pour plusieurs semaine. Ces grèves à répétition, des salariés démotivés, des embauches rares (faute de moyens financiers et de soutien du gouvernement) ont facilité le désintérêt de la population face à la gestion de ses propres déchets. Bien évidemment, certaines petites associations nationales ou de quartier font preuve de courage et de volonté pour faire passer un message de protection. Cependant, elles sont malheureusement peu soutenues par la population pour laquelle l’environnement n’est pas une priorité.
Gestion des déchets et tourisme
La zone balnéaire de la capitale allant de La Marsa à la Goulette en passant par le fameux site de Carthage était autrefois un lieu de villégiature, de plaisance et entretenu. Aujourd’hui, (les photos en témoignent) la zone balnéaire représente une zone de déchets énormes que cela soit dans les ruelles, les coins de rues, devant les maisons et pire encore en bord de plage et en mer.
Hammamet, autre zone balnéaire mieux gérée grâce au tourisme accueille sur ses plages des milliers de touristes rejetant leurs déchets en partant du bord de mer. Les bouteilles en plastique sont un des problèmes les plus importants. Les baigneurs le jettent en sortant de plage après les avoir utilisées pour se rincer les pieds. Cela créant bien évidemment un amas de bouteilles qui, par leurs poids léger, finiront non pas dans une zone de tri mais en pleine mer. Le constat est que les hôteliers ainsi que la municipalité de la ville ne communiquent pas assez et devraient coopérer pour sensibiliser les visiteurs sur ce point. Les conséquences pour les espaces marines sont considérables sur une échelle locale et mondiale.
Une normalité dérangeante
La population nage dans ces déchets, les enfants jouent avec ces nombreux objets (sacs, bouteilles…) et tout cela semble tout à fait normal. En revanche, ce qui pourrait déranger et semblé “sale” est le fait de retrouver la posidonie (plante marine naturelle) s’accumulée sur les plages. Cette plante est en réalité un résidu naturel de la mer. Elle ressemble à des algues vertes et nous les retrouvons sur toutes les côtes de la mer Méditerranée. Elle est une matière naturelle et essentielle à l’écosystème marin. Préférons-nous nager avec des déchets de plastique tout autour ou bien avec des plantes rejetées naturellement par la mer ?
N’attendons pas le gouvernement, il faut agir dès maintenant !
La dégradation environnementale doit cesser d’être un souci d’une minorité de la population car elle nous concerne tous. Elle créera pour les générations future de graves dangers sanitaires et hygiéniques, fera fuir les visiteurs, réduira les rendements de la pêche et de l’agriculture. Elle nous affectera à tout point de vue et dans tous les secteurs d’activités (tourisme, pêche, agriculture…)
Il ne suffit pas d’être favorable uniquement aux idées concernant l’amélioration de l’environnement du pays, il faut agir concrètement et dans les meilleurs délais. Le « moi, je » d’une part et « les autres » d’autre part peuvent se transformer en « NOUS agissons ensemble pour notre bien » et « Nous respectons notre environnement ».
Une action commune serait la base d’une protection des espèces animales et végétales et une meilleure gestion de l’environnement. La population tunisienne doit réfléchir aux solutions envisageables, sans attendre que le gouvernement mette en place des actions, et cela aussi au quotidien. Notamment par un tri simple des déchets chez soi, par la création d’un compost peu coûteux dans sa parcelle de jardin, d’un recyclage quotidiens de déchets, d’une consommation plus réfléchie, en évitant par exemple les sacs plastiques ne servant en moyenne que 20 minutes au total pour transporter nos achats. Tout cela est bien évidemment faisable et ne coûte pas plus que d’ordinaire, simplement la motivation doit être présente.
Je finalise mon triste et négatif constat de la situation environnementale en appelant chacun et chacune à agir pour un avenir viable et vivable. Je ne désespère cependant pas car beaucoup est possible à partir du moment où le soutien et l’engagement de la population se crée.
Sinda